HAITI

PLAN POUR LA RECONSTRUCTION DES UNIVERSITÉS DÉTRUITES

L'Agence universitaire de la Francophonie (AUF) vient d'annoncer un plan d'action visant à rebâtir les universités haïtiennes. Ce plan nécessitera l'injection de plusieurs millions de dollars. Et les nombreuses initiatives prévues reposeront largement sur la bonne volonté et le dynamisme du secteur universitaire.

Discuté à l'occasion d'une rencontre de deux jours à Montréal à laquelle ont pris part 115 délégués - dont des cadres supérieurs des huit universités haïtiennes membres de l'AUF - ce plan couvre un large éventail de mesures. Il vise autant l'amélioration des programmes universitaires que la gouvernance de ce pays des Caraïbes, qui a subi en janvier dernier au cours du tremblement de terre d'énormes dommages.

Selon l'AUF, les neuf universités haïtiennes membres de l'association régionale des Caraïbes (CORPUCA) ont perdu 80 % de leur infrastructure. Le séisme a entraîné dans la mort 391 étudiants, 40 professeurs et 20 employés de soutien.

L'une des mesures les plus concrètes et immédiates concerne l'établissement d'un campus numérique de 1,2 M$ qui, espère-t-on, sera construit cet automne. Dix bureaux, équipés d'un accès Internet et de postes informatiques, à partir desquels les professeurs pourront enregistrer et diffuser leurs cours, seront aménagés un peu partout au pays afin d'offrir une formation à distance. L'AUF, qui a déjà mis sur pied avec succès de tels campus dans d'autres pays en développement, espère que cette initiative freinera l'exode des étudiants haïtiens vers d'autres pays. Les Haïtiens qui quittent pour étudier à l'étranger, souvent, sont irrémédiablement perdus pour leur pays d'origine.

Une autre initiative, dont le coût n'a pas encore été chiffré, concerne le financement de bourses favorisant l'achèvement des études et la formation d'un plus grand nombre de professeurs. Le plan d'action comprend aussi la création d'un ministère de l'Éducation supérieure et de l'Innovation, auquel s'ajouterait un organisme de financement de la recherche.

On annonce, de même, une initiative de 305 000 $ favorisant le retour au travail de membres du personnel enseignant, la plupart à la retraite, qui serait en mesure d'offrir leurs services aux universités haïtiennes. Le plan contient enfin plusieurs idées novatrices, comme la création de secteurs de spécialisation, le financement du transport, la construction de bâtiments « verts » et l'enseignement universitaire dans les camps de secours.

L'AUF affirme qu'elle agira, dans toutes ces affaires, à titre d'intermédiaire ; son rôle consistera notamment à assortir les dons reçus aux besoins de la communauté universitaire haïtienne. Les universités du pays ont indiqué à l'AUF qu'il en coûtera 600 M$ au cours des 10 prochaines années pour rebâtir un meilleur système que le précédent. L'AUF demande aux universités de commencer à recenser les disciplines où le besoin de bourses est le plus criant et les incite à parler d'une seule voix.

Le recteur de l'AUF, Bernard Cerquiglini, a indiqué à University World News que, si la reconstruction du système universitaire haïtien nécessite beaucoup d'argent, la matière grise sur laquelle son association devra compter revêt encore plus d'importance.

Jean-Vernet Henry, recteur de l'Université d'État d'Haïti, la plus grande université du pays, souligne que bon nombre de ses étudiants ont repris leurs cours, même si ces cours sont actuellement dispensés sous de simples abris en contreplaqué.

Au cours des prochaines semaines, l'AUF prévoit établir un calendrier de ses initiatives et convoquera un comité dont l'une des tâches consistera à recenser des donnateurs.

Traduit par Simon Hébert